Marché Immobilier

La Banque maintient sa position alors que le logement devrait ralentir



La Banque maintient sa position alors que le logement devrait ralentir

C'EST SANS SURPRISE que la Banque du Canada a laissé inchangé son taux cible de financement à un jour à 1/2 % lors de sa dernière réunion du 19 octobre 2016, jugeant que la tendance sous-jacente de l’inflation mesurée par l’IPC global subira une légère pression à la hausse à 2 % à compter du début de l’an prochain. Les facteurs compensatoires temporaires, comme la chute des prix des produits de base et le recul du huard, semblent se dissiper. La marge de capacités excédentaires au sein de l’économie continuera d’exercer des pressions à la baisse sur l’inflation. Les risques entourant les perspectives de l’inflation sont relativement équilibrés.

Conformément aux attentes des économistes du secteur privé, la Banque s’attend à une forte reprise au cours du deuxième semestre de cette année, alors que les effets négatifs de la réduction dans la production pétrolière et des feux de forêt tirent à leur fin. Au cours du deuxième semestre, les dépenses de consommation connaîtront une hausse attribuable à l’introduction, en juillet, de l’Allocation canadienne aux enfants, aux dépenses en infrastructure du gouvernement et aux conditions monétaires et financières accommodantes. Au Canada, le secteur non lié aux ressources progresse solidement, surtout dans le secteur des services, alors que les investissements des entreprises continuent de décevoir.

Comme prévu, la Banque a encore une fois réduit ses prévisions de croissance pour l’économie canadienne. La banque centrale a été déçue à maintes reprises par la piètre performance des exportations canadiennes, souhaitant que le recul du dollar canadien, depuis la chute des prix du pétrole au milieu de 2014, stimule les exportations manufacturières. Bien que les données récentes sur les exportations s’améliorent, la Banque a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour les exportations en 2017 et en 2018, en raison d’estimations plus faibles de la demande mondiale et de la « composition de la croissance de l’économie américaine qui semble moins favorable pour les exportations canadiennes, et des défis sur le plan de la compétitivité auxquels continuent de faire face les entreprises canadiennes ». On prévoit un renforcement de l’économie américaine après un premier semestre très faible, reflétant de fortes dépenses des consommateurs stimulées par une augmentation dans l’emploi et une solide confiance des consommateurs. Cependant, les investissements des entreprises demeureront anémiques, comme en témoignent les niveaux constatés non seulement aux États-Unis et au Canada, mais aussi à l’échelle mondiale.

Au Canada, la croissance a été révisée à la baisse à 1,1 % (après avoir été à 1,3 % en juillet). De plus, on prévoit maintenant que la croissance pour 2017 sera de l’ordre de 2,0 % (à la baisse comparativement à 2,2 %). Quant à 2018, il est prévu que la croissance demeurera à 2,1 %. La Banque estime maintenant que l’économie atteindra l’utilisation totale de sa capacité autour du milieu de 2018, soit beaucoup plus tard que ce qui était prévu antérieurement.

LE RALENTISSEMENT DU MARCHÉ DU LOGEMENT SOULIGNÉ

La Banque a attribué la révision à la baisse des perspectives économiques en grande partie aux nouvelles initiatives du gouvernement fédéral visant à « favoriser la stabilité sur le marché du logement au Canada ». Selon la Banque du Canada, ces mesures « vont probablement freiner l’investissement résidentiel, tout en atténuant les vulnérabilités dans le secteur des ménages »

Selon le Rapport sur la politique monétaire nouvellement publié aujourd’hui, les initiatives en matière de logement atténueront la croissance de PIB de cette année de 10 points de base et de 30 points de base au cours de l’année prochaine. Des sources gouvernementales affirment s’attendre à ce que la croissance des reventes de logements diminue de 8 points de pourcentage en 2017, comparativement au rythme de croissance prévu de 6,0 % cette année. Selon des sources privées, l’impact négatif des nouvelles mesures en matière de logement sur la croissance économique varie, mais la plupart s’attendent à un effet de contraction représentant une baisse d’environ 30 à 50 points de base au cours des 12 prochains mois. Compte tenu du fait que la base de référence de la croissance potentielle est inférieure à 2 %, il s’agit d’un frein considérable.

Plusieurs prédisent que les nouvelles initiatives en matière de logement du gouvernement fédéral ouvrent la porte à des réductions de taux de la Banque du Canada, l’an prochain. De toute évidence, le gouverneur Poloz voit l’augmentation des simulations de crise des taux d’intérêt hypothécaires comme un facteur atténuant ses inquiétudes par rapport aux acheteurs de maison qui excèdent leur capacité financière, obligeant tous les acheteurs à devenir admissibles au taux hypothécaire affiché qui est de beaucoup inférieur aux taux courants prévus par contrat. Je crois néanmoins qu’un choc négatif considérable à la croissance serait nécessaire pour que la Banque réduise les taux. Ce choc risque d’être provoqué, entre autres, par une contraction plus importante que prévu dans l’activité immobilière.




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